samedi 13 août 2011

Interview (très sérieux...) de Jim Sinclair par James Turk.


Chers amis, il semble que ce soit maintenant la panique sur les marchés financiers. Pourquoi était-ce prévisible ? Et bien parce que depuis 3 ans, on a voulu soigner un problème de sur-endettement dans le monde occidental par plus de dette et de relance. Or il apparaît maintenant que cela n'a pas fonctionné. Pourtant, avec une once de bon sens, on aurait pu se douter que les surendettés ne peuvent se sortir d'affaire en empruntant plus.

Et pourtant c'est ce qu'on voulu croire les marchés financiers, ou plutôt c'est ce qu'ils ont feint de croire car ils y voyaient, à juste titre, un moyen de gagner de l'argent. Car les opérateurs ne sont pas idiots, ils savent que tout cela relève d'un système pyramidal. Mais le jour où le vent tourne ... tout s'effondre. On entend ici et là les opérateurs boursiers fustiger les gouvernements pour ne pas avoir su "faire de la croissance" et "raisonner comme des comptables". Leurs interventions se passent de commentaires hormis que la croissance ne se décrète pas et surtout, qu'au point où nous en sommes les dettes sont colossales et la dette croît beaucoup plus vite que le PIB au moindre plan de relance.

Il y a aussi quelque chose de nouveau : contrairement à ce qu'on pourrait croire et que souhaiteraient les opérateurs, les autorités politiques et monétaires ne contrôlent pas la situation, et pour encore un certain temps.
  • Les gouvernements : ils n'ont plus de marge de manoeuvre.
  • Les banques centrales : elles s'aperçoivent que leurs actions n'ont pas les effets positifs escomptés, alors que ces actions leur coûtent cher en crédibilité, et pourraient même les mettre en faillite. 
Il est flagrant que depuis deux ans, les autorités n'aient agi que par réaction, toujours dépassées par les événements. Cette façon qu'ont les autorités politiques des pays d'Europe d'être systématiquement rattrapés et pris à contre-pied par les circonstances, est le symptôme de quelque chose de plus profond : le fait qu'elles sont, tout comme les banques centrales, totalement dépassés par le système financier, et en sont même les otages. Il faut ajouter que le système financier étant mondialisé, contrairement aux autorités politiques et monétaires, personne ne peut réellement le contrôler ni même le réguler facilement. 

Tout cela ressort très bien dans cet interview par James Turk de Jim Sinclair, spécialiste de l'or (http://www.jsmineset.com) :



Sa prédiction est que lorsque l'once d'or franchira les 1764 $, on assistera à une croissance exponentielle du prix de l'or. Parole de gourou ? Qui sait ...

Voici une traduction de l'interview, dont on m'excusera les approximations.

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James Turk - Je m'appelle James Turk et je suis le directeur de la "Gold Money Foundation". Je suis avec une légende de Wall Street : James Sinclair. Jim, c'est un plaisir d'être avec vous.
Jim Sinclair - Tout le plaisir est pour moi.
JT - J'ai écouté votre conférence ici à la GATA.Je voudrais paler de ce chiffre de 1764$ : comment arrivez-vous à ce chiffre pour l'or ?
JS - les "anges" [ndt : des dessins humoristiques représentant différents prix de l'once d'or avec un ange] que j'ai publiés, les chiffres que j'ai suggérés, et qui dans une grande mesure se sont réalisés, viennent d'une formule qu'utilisait [Jesse Lauriston] Livermore, en fait pour les nouvelles émissions [de titres]. Mais elle s'applique à l'or ; elle fut publiée en 1923 dans le Wall Street Journal et s'intitule "the Square of the Numbers".
JT - OK. Ce que j'ai retenu, c'est que lorsque ce chiffre de 1764($) sera franchi, vous dites que l'or pourrait devenir "exponentiel" ; pouvez-vous préciser ?
JS - Selon moi nous avons passé deux phases. La première phase était plutôt arithmétique : l'appréciation suivait une jolie pente, mais pas une pente très forte. Quand on passé les 524.90($) j'ai suggéré aux gens que faire du trading n'était pas une bonne idée, mais qu'on gagne de l'argent en tenant une position qui est bonne et en la tenant sur toute la durée ou elle est valide.
JT - En "chevauchant" la tendance...
JS - Oui c'est cela, sans faire appel à l'effet de levier, sans essayer de saisir les pics intermédiaires..... 1764[$] a les mêmes implications qu'ont eues les 524.90[$], c'est mathématique, mais je dirais que son franchissement marquera le passage d'une période de croissance arithmétique avec quelques périodes géométriques [plus puissantes] vers une phase ou des croissances exponentielles seraient possibles...
1764 marque la perte de confiance.
1764, c'est "le roi est nu".
1764, c'est la transparence sur la profondeur et la durée de nos problèmes...
JT - Vous avez enfoncé le clou en expliquant non seulement pourquoi l'or monte, mais aussi quelque chose qui est important : les indicateurs de sentiment ; pour que quelque chose se mette à croître exponentiellement, il doit y avoir un changement dans la psychologie des différents opérateurs dans le monde. Donc ce que vous dite implique que le sentiment envers les monnaies nationales va devenir négatif, et positif pour l'or de telle sorte que il n'arrêtera pas de monter ?...
JS - Manque de management. Quelque chose qui vit sa vie. Des situations qui se développent sans qu'il y ait de plan pour les gérer, mais simplement en mode "réaction" aux événements au fur et à mesure qu'ils surviennent.
L'embarras absolu sur le compromis pour permettre le réhaussement du plafond de la dette US : tous ceux qui ont participé à ce compromis devraient être honteux. Il est maintenant clair pour le monde que les Etats-Unis réagissent aux circonstances sans aucun plan susceptible de répondre à ce qu'elles pourraient signifier.
JT - Je comprends. Les autorités politiques n'ont pas la volonté politique de faire ce qu'il faudrait, de se retourner et d'arrêter ce déraillement de train qui semble imminent ?...
JS - C'est un déraillement lent. Pour moi cela va aller jusqu'en 2015. Ce déraillement consiste en des circonstances qui génèrent des décisions dans un mode "réactif". Ce déraillement consiste en un environnement économique hors de contrôle. Ce déraillement est exactement la même chose que : "j'ai dépensé tout mon argent, je vis sur ma carte de crédit, et j'ai perdu mon boulot" mais à l'échelle nationale. Le crédit à explosé. Et il rentre au bercail.
JT - Mais là c'est différent. Vous savez, j'ai été dans des pays comme l'Argentine en 1991 pour étudier le problèmes monétaires et l'hyperinflation, mais là nous parlons de la monnaie de réserve mondiale. Donc ce que vous suggérez, c'est que cela va avoir un impact très profond non pas seulement aux Etats-Unis, mais partout ?
JS - Oui, exactement pour cette raison. La monnaie de réserve, la monnaie sur laquelle les autres banques centrales se sont reposées, cette monnaie de réserve est en faillite. Cette monnaie de réserve a une dette qui ne peut être contrôlée. Cette monnaie de réserve va transmettre ses problèmes vers tout le monde occidental.
JT - Vous vous souvenez probablement des années 70 quand John Connolly était le secrétaire du president Nixon, et on vivait une de ces nombreuses crises du dollar, probablement en 1973, et il disait a propos du dollar : "c'est notre devise, mais c'est votre problème" en parlant au reste du monde. L'attitude est-elle la même aujourd'hui ?
JS - Cette folie a continuée, mais je ne pense pas qu'elle continue encore. Je crois que cette folie a été révélée au grand jour au moment du rehaussement du plafond de la dette basé sur rien, avec un compromis très pauvre, consistant à signer un bout de papier, et en faisant du théâtre pour les médias.
JT - Et bien c'est intéressant, parce que, ce que vous dites, c'est que ce truc de plafond de la dette, où ils ont finalement trouvé un accord in extremis après toutes ses postures politiques, cela a provoqué un réveil, non seulement en Amérique mais aussi dans le reste du monde ... ?
JS - Cela est un choc total. Je ne crois pas qu'aucun événement économique de l'histoire moderne ait été aussi honteux que la soi-disant compromis, la soi-disant loi, et les soi-disant éloges à cette réalisation, et les marchés regardant cet accord le jour suivant et le définissant comme totalement fallacieux.
JT - Etes-vous à l'aise pour parler de l'euro ? Quelles sont les implications du dollar sur l'euro ?
JS - Ce n'est pas juste le dollar contre l'euro ou l'euro contre le dollar, ça c'est du trading au jour le jour. Notre problème n'est pas uniquement celui du dollar, c'est celui de tout le monde occidental [ndt : j'ajouterai le Japon ....]
JT - La monnaie fiduciaire ?
JS - La monnaie fiduciaire du monde occidental tout entier. Ce que nous perdons, d'autres le gagnent. Il a eu un temps ou nous avions tout, et ensuite un temps ou nous avons tout rendu. Il ne s'agit pas de ce que la Grèce va faire aujourd'hui ou demain, mais ce que l'état de New-York va faire aujourd'hui ou demain.
JT - Et l'Ohio, et la Californie, ....
JS - Absolument. Et les médias se sont focalisés sur l'Europe, et nos agences de notations sont totalement europhobes. Alors que s'ils avaient tourné le miroir dans l'autre sens, ils auraient vu exactement la même chose. Le trading qui se passera entre le dollar et l'euro ne sera que le reflet de l'humeur du jour. Le problème est un problème monétaire du monde occidental tout entier, qui est endémique, car le dollar a transmis les problèmes de dette pas simplement aux Etats-Unis, mais au monde, et ils ont tous été à fond dans les produits dérivés, et ils ont crée cet énorme "pseudo-argent" qui, avant que la banque des règlements internationaux n'en changent la mesure, s'évaluait à un quadrillion [mille trillons ou un million de milliards]. Et ce spectre est toujours dans le cyberespace, attendant n'importe quelle opportunité de refaire surface.
JT - Ils ont donc tous été mordus par la maladie des monnaies fiduciaires [non adossées à l'or] ; on ne peut pas parler uniquement du dollar, il faut parler de ... tout.
JS - La cupidité,
JT - La nature humain, non ?
JS - Oui mais la nature humaine à l'extrême. Qui a besoin d'ennemis quand on a le leadership financier qui est le nôtre ? [??]
JT - Oui, je comprends complètement [pas moi ...]. Donc si l'or monte exponentiellement quand il franchit les 1764$, par implication, il montera contre la livre sterling, l'euro, ... etc.
JS - Et contre chaque monnaie, au différentiel près de la façon dont les monnaies s'échangent entre elles, mais dans toutes les monnaies.
JT - A moins qu'un banque centrale dans tel pays particulier se réveille et fasse une politique monétaire saine ?
JS - Mais comment pouvez-vous, maintenant ? Comment pouvez-vous avoir une politique monétaire saine quand l'adoption de ces politiques vont ouvrir la boîte de Pandore de cette masse énorme de produits dérivés qui encore en suspension partout dans le monde, vont ouvrir la boîte de Pandore de ce manque d'intégrité des bilans dans le système bancaire américain ? Quand vous êtes autorisé à valoriser vos actifs à n'importe quelle valeur qui vous convient, comment peut-on appeler cela un bilan intègre ? Nous arrivons à un point maintenant où tout cela attend juste son moment pour exploser à partir des contractions qui se produisent dans le monde dans ce second trou d'air que nous avons dans cette récession ou peut-être ce début d'une dépression.
JT - Je vois ...
JS - Ce qui va sortir de la banque centrale dans les prochaines semaines déterminera de manière forte si oui ou non nous allons franchir les 1764$.
JT - Une chose que vous avez dites aussi dans votre présentation est que l'une des meilleures attitude est de posséder de l'or physique, et vous continuez à en posséder parce que c'est encore bon marché ?
JS - la meilleure des protections est d'être votre propre banque centrale. Et cela suppose de posséder de l'or et non le "dollar monnaie de réserve".
JT - Vous m'avez coupé l'herbe sous le pied, je n'aurais pas pu mieux le formuler.
JS - Mais cela est ultime.
JT - Oui, je suis d'accord. Avez-vous des commentaires particuliers que vous désireriez partager ? cette vidéo sera regardée par de milliers de gens dans le monde.
JS - Vous savez, nous sommes juste à l'aube de ce qui va être à mon sens une situatio très difficile et très grave. Je ne conçois pas que les bilans des banques internationales, qu'ils se sont fabriqués en valorisant leurs actifs à la valeur qu'ils voulaient, puissent rester camouflés avec la contraction qui est maintenant reconnue dans le monde économique. Je m'attends à voir les banques centrales aller vers toujours plus d'injection de liquidités, je m'attends à voir les devises valoir toujours moins et non plus. Et ceux qui se sont protégés vont bénéficier de cette protection mais je pense qu'on est à un point où il est presque trop tard ...
JT – Ils bénéficierons de pouvoir de traverser la vallée et d'être dans une meilleure position lorsque nous nous aurons trouvé la sortie de ce problème que nous rencontrons ?
JS - Exactement.
JT - Oui. James, merci beaucoup, c'était un plaisir.
JS - Tout le plaisir était pour moi.

jeudi 11 août 2011

Interlude : Interview (factice) d'Olivier Gébezouin de Touvaussous sur BBR

Interview d'Olivier Gébezouin de Touvaussous, chef économiste chez Capital Aspirator Asset Management, ce matin par Jérôme Pijkedal, journaliste à Business-Bourse-Radio (BBR).

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JP. « Olivier de Touvaussous, les marchés sont encore très « compliqués » aujourd'hui. Pouvez-vous nous donner des éclairages sur cette volatilité, cette sensibilité à fleur de peau, ce sentiment d'incertitude ? Les marchés ont déjà beaucoup souffert, c'est la douzième séance de baisse, le CAC 40 a perdu 25% en deux semaines, pensez-vous que nous arrivions à la fin de la baisse ?

OGdT. Oui, alors, tout d'abord permettez-moi de vous dire que ce n'est pas la douzième séance de baisse mais seulement la onzième. Si les – 12% d'aujourd'hui se confirment à la clôture, alors nous verrons, mais en attendant, il ne faut pas exagérer les choses, ….

JP. La clôture c'est dans quelques minutes ...

OGdT. Oui mais nous n'y sommes pas encore.

JP. Alors, la séance d'aujourd'hui a été difficile. On a observé un bêta très au-delà des sous-jacents, et très sur-vendu en écart-type de moyenne mobile, si on regarde les stochastiques notamment sur l'indice FUME500 et PLEURE120. C'est signe que la baisse que nous voyons va certainement, ou disons peut-être, continuer, sauf si elle s'arrête brutalement et que nous assistions à un rebond tout aussi violent que la baisse ?

OGdT. Oui, nous avons vécu des séances compliquées, oui, compliquées, je dirais même délicates. Car ce mini-krach nous ramène 2 ans en arrière.

JP. Oui, ou 10 ans en arrière, et puis comme mini-krach, c'est déjà pas mal ....

OGdT. Oui, ou même 15 ans en arrière, mais bon, ne nous attardons pas sur le passé, il faut rester optimiste pour l'avenir. Bon, je crois que les mauvaises nouvelles ont été beaucoup trop nombreuses. Alors que ce n'était vraiment pas du tout ce dont le marché avait besoin ! Surtout pas en ce moment ! Surtout pas aujourd'hui ! Au contraire, il aurait fallu rassurer les opérateurs en donnant une impulsion politique de grande ampleur. Il aurait fallut des bonnes nouvelles ! Au lieu de cela, on a jeté de l'huile sur le feu, comme d'habitude. Et donc, la conséquence est évidente, n'est-ce pas : les perspectives de pertes abyssales des banques, des industries, des services, des cycliques, des défensives, et des poussives, combinée avec la faillite générale des états et du système financier dans son ensemble exerce une pression légèrement exacerbée sur les marchés. C'est très dommage, et je pense que c'est excessif.

JP. Que faudrait-il pour que les marchés se reprennent selon vous ?

OGdT. Ecoutez, il y a trop de pessimisme. Et le pessimisme est l'ennemi des marchés. Or les solutions sont simples et on les connaît : Il faut restaurer la confiance, relancer la croissance, améliorer l'économie, assainir les finances publiques, baisser les impôts, supprimer les charges, favoriser le pricing-power et tailler dans les dépenses tout en favorisant la relance. Par ailleurs la banque centrale doit mettre à la disposition des marchés toutes les liquidités dont il a besoin, sans limite en quantité et en durée. Tout cela est assez simple, finalement, il n'y a qu'à le faire...

JP. Auriez-vous des conseils concrets d'investissement à donner ?

OGdT. Ecoutez, je n'aime pas trop donner de conseils, car je les applique rarement moi-même n'est-ce pas (ha, ha, ha, ...). Je pense néanmoins qu'il faut rester investi sur des valeurs solides, du genre de celles de nos grand-mères vous voyez, celles qui survivront aux événements dont je viens de parler. Mais il ne faut pas hésiter à placer des ordres stop de revente si leurs cours baissent trop. Je m'intéresse tout particulièrement à des valeurs comme par exemple OldCorporation, qu'il faut garder en portefeuille, mais dont il faut se défaire immédiatement si elle baisse trop.

JP. Ah ?? Mais vous en avez racheté une quantité significative en fin de journée aujourd'hui après qu'elle ait considérablement baissé !?? ...

OGdT. Oui, bien sûr, car les cours avaient beaucoup trop baissé quand même, n'est-ce pas … A notre sens, c'était survendu. Je crois qu'il faut savoir saisir les opportunités. De même, il faut savoir progressivement accumuler les valeurs qui montent. C'est ce que j'avais conseillé lors du rebond d'hier sur la valeur NewCompany.

JP. Ah bon ??!... Mais votre fond a massivement vendu le titre ce matin après qu'elle ait pris 10% depuis hier ?!...

OGdT. Oui je pense qu'il était temps de prendre nos bénéfices...

JP. D'aucuns disent que nous allons entrer en récession, qu'en pensez-vous ?

OGdT. Ah non !! Non, non et non ! Ecoutez, c'est parfaitement ridicule ! Il faut arrêter de souffler le froid comme cela, cela finit par être auto-réalisateur ! Non, la récession, je n'y crois pas du tout. Certes le chômage est important, la croissance entre en terrain négatif, les ventes baissent, l'immobilier s'écroule, la Chine ralentit, l'Europe s'effondre, et on assiste à des émeutes de la faim. Mais j'observe par ailleurs la très bonne tenue de Rolls-Royce, Porsche, LVMH, l'Oréal, Bulgari, etc. et aussi WalMart, Occase-Frippes-Ltd, RestoDuCoeur.com et Lidl, ce qui montre que la reprise est bien là !...
Et puis au milieu de tout ce pessimisme, il y a des signes très encourageants, notamment l'indice de confiance des producteurs de porcs de l'Oklahoma qui est sorti à 50,1 alors qu'on attendait 49,9.... Pour moi c'est un signe avant-coureur d'une nette embellie de la croissance, qui viendra d'ailleurs des pays émergents. Non, non, vraiment il est beaucoup trop tôt pour parler d'une récession. Dans deux semaines, peut-être, nous en reparlerons.

JP. Ou dans deux jours ?

OGdT. Oui tout à fait mais nous n'y sommes pas non plus, n'est-ce pas ?...

JP. Que faut-il faire à court terme ?

OGdT. Ecoutez, les fondamentaux nous disent qu'un rebond puissant est très probablement en train de se dessiner. Vous comprenez, certaines valeurs sont massacrées ! Par exemple, Enfaillite.com à 13€, c'est totalement ridicule n'est pas ? Al Capone Banking Corporation à seulement 40 $, alors qu'elle était encore à 400 $ pas plus tard qu'hier … mais c'est donné !

JP. Al Capone Banking, qui est descendue à 4 $ pendant quelques heures ce matin !...

OGdT. Mais oui, vous voyez, ça n'a aucun sens ! Alors que les fondamentaux de cette banque sont extrêmement solides : ils ont dans leur portefeuilles des obligations de républiques bananières, dont on sait qu'elles vont être durablement sous pression de l'armée américaine et où le président lui-même a annoncé l'envoi de nouvelles troupes pour une durée indéterminée mais prolongée. Alors que demandent les marchés, franchement ?

JP. Bref vos pronostics sont plutôt positifs alors ?

OGdT. Je dirais que l'équation est simple : si on décide à un niveau politique, et je dis bien politique, qu'il est hors de question de laisser tomber les marchés, et que tous les moyens doivent être mis en œuvre pour les soutenir à tout prix, et je dis bien à tout prix, alors, oui je reste très positif sur les valeurs, notamment les valeurs refuges.

JP. Et sinon ?

OGdT. Sinon, et bien ce sera plus « compliqué ».

JP. Oui, je vois, plus « délicat » ?

OGdT. Oui, plus « délicat ».

JP. Merci de vos éclairages.

OGdT. Merci à vous. »



Le Crash des Titans - Episode 5 (le dimanche 7 août 2011)

Episode précédent : .... je ne sais plus trop, mais tout va de mal en pis.

A bord du Hindenburg c'était la crise, on ne savait plus vraiment comment donner une direction au dirigeable, et en même temps soigner une épidémie de peste bubonique, d'autant plus qu'il était urgent de trouver du carburant pour ce qui restait de moteurs en état. La confusion était générale, et l'ambiance délétère, voire dangereuse. Tant et si bien que les docteurs Fitch et Moody, qui pratiquaient la médecine Standards & Pauvres (S&P) demandèrent à retourner sur le Titanic, d'où ils étaient venus. Ils y seraient plus en sécurité et y risqueraient moins d'être jetés par-dessus bord. Ils avaient laissé au major Lagarde une trousse de Femme Modèle Infirmière ainsi que quelques conseils pour prodiguer des soins sur le Hindenburg. Le Docteur Barroso pourrait toujours l'aider le cas échéant. La trousse comprenait une pince à épiler, des ciseaux à ongles, une brosse à reluire, une paire de lunettes roses, ainsi qu'un exemplaire de la méthode Coué pour soigner les patients qui seraient atteints de délire. On avait observé en effet que certains membre de l'équipage s'étaient mis à crier à l'incendie dès qu'ils voyaient le commodore Trichet fumer sa pipe près des réservoirs d'hélium.
Cette peur était absolument infondée voire qualifié par les médecins de "phobie dangereuse à caractère potentiellement auto-réalisateur".

A leur retour sur le Titanic, quelle ne fût pas la stupéfaction de Fitch et Moody de constater que, outre des problèmes similaires de moteur, de carburant et de gouvernail, une gigantesque épidémie d'indigestions s'était déclarée en première classe. En effet, à force de manger du caviar au déjeuner, au dîner et au souper, les passagers de première (pour la plupart des milliardaires) en consommaient environ douze kilos par jour et par personne. C'était beaucoup trop. Les malades faisaient en plus de la rétention d'eau : il s avaient le ventre gonflé, tellement gonflé qu'il avait fallu remonter le plafond de toutes les cabines.

Fitch et Moody devaient absolument intervenir. Ils recommandèrent un régime à base de riz et de bouillon. Mais ce n'était pas possible, car le riz et le bouillon étaient destinés aux cuisiniers, tous chinois, ces mêmes cuisiniers qui préparaient le caviar tous les jours pour les passagers. Les cuisiniers chinois refusaient de consommer du caviar et avaient jalousement mis leur riz sous clé. Fitch et Moody eurent alors une idée géniale : il firent descendre du Hindenburg  un stock d'andouillettes avariées, en échange d'une caisse de champagne et de quelques paires de lunettes roses. Mais ces andouillettes ne pouvaient plus être qualifiées de AAA (Association de l'Authentique Andouillette) car elles sentaient la mort, et portaient probablement le microbe de la peste. Fitch et Moody les classèrent AA+ pour que ça eût toujours l'air de qualité tout en ne pouvant pas être soupçonné de publicité mensongère.... Ils modifièrent le régime "Standards & Pauvres" (normalement à base de riz) en un nouveau régime à base d'andouillette AA+. Les passagers du Titanic, ainsi que l'équipage, et même les cuisiniers chinois eurent l'ordre d'en consommer au moins 3 par repas.

On était dimanche, on ferait le point lundi....

..........

Pendant ce temps, sur le Hindenburg, la peste faisait toujours rage. Christine ne s'en sortait pas avec sa trousse d'infirmière. Le commendatore Berlusconi et le capitán Zapatero étaient au plus mal : leurs membres étaient gangrenés. Christine appela le docteur Barroso, qui lui avoua ne plus avoir pratiqué la médecine depuis de trop longues années, et en réalité d'être un ancien maçon et non médecin. Elle lui reprocha, comme maçon, de ne pas avoir été suffisamment franc. Christine et Barroso appelèrent alors le commodore Trichet : ... "j'arrive" dit-il d'une voix grave ...
Quelques minutes plus tard, il surgit dans la cabine et dit d'un air grave et fatigué : "où sont les malades ?"....
La stupeur régnait sur le visage de Christine ... le vieux commodore avait dans sa main droite une paire de ciseaux de couture, et dans sa main gauche une bouteille de whisky. Elle crut défaillir.

….


Note de l'auteur :

Chers amis,

Je ne suis plus si sûr de continuer avec le Hindenburg et le Titanic. En effet, comme je le disais il y a quelques semaines : "l'été sera chaud" … Je ne croyais pas si bien dire... Je n'aurai peut-être bientôt plus envie de rire ...? L'arrêt de la planche à billet combinée avec la réalisation qu'il n'y a pas de croissance aux Etats-Unis (ce dont je vous faisais part il y a plusieurs mois déjà ...) a fini par déclencher un krach boursier la semaine dernière. La bourse de Paris est revenue aux niveaux d'il y a deux ans.... Mais le pompon est arrivé hier (samedi) avec la dégradation de la note américaine par l'agence S&P de AAA à AA+. Inutile de dire que c'est une première historique ! Cela signifie qu'il n'y a plus vraiment de valeur refuge monétaire ... La dégradation de la note de la dette de la France devrait suivre très prochainement. Cela signifie potentiellement une hausse des taux d'intérêts qui finira de nous mettre sur la paille. Par ailleurs, le commissaire européen aux affaires économiques ayant déclaré que "L'Espagne  et l'Italie n'ont absolument pas besoin d'aide", il y a fort à parier que la faillite de ces deux pays est bien avancée, selon mon bon vieux principe de décryptage du langage politique européen.

L'issue est maintenant programmée : la planche à billet européenne va peu à peu se mettre en marche. La planche à billet américaine, est pour l'instant arrêtée, mais va très probablement se remettre en route aussi dans peu de temps.

Sinon, c'est la faillite.

Le Crash des Titans - Episode 4 (le vendredi 5 août 2011)

Episode précédent : l'Amiral Obama avait du lâcher du lest et faire des concessions aux milliardaires de première classe du Titanic, en échange de leurs valises de dollars en billets à brûler dans les moteurs. En effet, il s'était avéré que les compteurs de vitesses étant truqués et peu fiables, que la vitesse du Titanic était quasi-nulle, alors que c'était le seul moyen pour le navire de continuer à flotter.

..........

Pendant ce temps, à bord du Hindenburg, c'était encore le branle-bas de combat. En effet, après la grande fête donnée pour la guérison du quartier-maître Papandréou, tout le monde s'était réveillé avec la gueule de bois. Je rappelle que la peste bubonique attaque les organes et notamment les poumons (bon j'en sais rien ...). On avait procédé rapidement à l'ablation d'un demi-poumon sur chaque membre de l'équipage pour former un gros organe qui fut mis sous cloche de verre et qui permettait au quartier-maître Papandréou de respirer. Mais il y avait plus grave que la gueule de bois : il s'était déclaré de nouveaux cas de peste buboniques. Le capitán Zapatero avait eu un bubon dans la nuit, et le commendatore Berlusconi en avait eu deux, à la surprise générale.

Cela faisait longtemps que les médecins n'avaient pas vu de cas de peste bubonique. Les docteurs Fitch et Moody, qui pratiquaient une médecine bon marché dite "Standard & Pauvre" (ou S&P) faisaient régulièrement un bilan, en comptant les bubons. Cette médecine ne servait pas à grand chose, car elle était limitée aux diagnostics, et ne proposait pas de traitement, à part éventuellement des régimes. Mais elle avait l'intérêt de pouvoir s'appliquer à n'importe qui, y compris des gens standards (comme vous et moi ….) ainsi que des pauvres (comme vous et moi, bientôt …). Ceux qui avaient des bubons étaient mis aux régime immédiatement et n'avait plus droit à l'andouillette AAA pour le petit déjeuner.

Mais le docteur Barroso, qui affirmait être un ancien maçon contestait les diagnostics des docteurs Fitch et Moody. Lui et un grand nombre de membres de l'équipage, notamment les officiers supérieurs, prétendaient que les bubons n'avaient rien à voir avec la peste, que Fitch et Moody avaient de mauvais thermomètres, et qu'ils étaient eux-même infestés de maladies vénériennes qu'ils avaient probablement transmises à plusieurs membres de l'équipage.

Mais la crise faisait rage, il fallait éviter plus de contagion et prodiguer rapidement des soins à Zapatero et Berlusoni. Les réunions allaient bon train, mais, faute de place dans le dirigeable, elles se faisaient deux à deux dans les chambres, ce qui fait qu'on avait du mal à être informé de ce qui se passait. Le Major Cameron s'était enfermé dans sa chambre et ne voulait voir personne. Le capitaine de vaisseau Sarkozy avait le mal de l'air et fixait sa vue sur l'horizon, au parallèle 20°12'. Le Major Christine (Lagarde) avait fait une chute après s'être pris les pieds dans un Tapy, et avait sali son beau tailleur avec du champagne. La colonelle Merkel avait verrouillé son stock d'andouillettes AAA, celui de sa consommation personnelle, pour éviter toute infection et par peur de manquer. Le docteur Barroso criait dans les couloirs qu'il fallait au plus vite augmenter la taille du poumon commun : "Le poumon ! Le poumon vous dis-je !" assénait-il .... Seul, le maître-queux DSK (Dominique Stroganoff-Kebab), n'avait pas à se soucier de tout cela, occupé qu'il était d'étudier les différents moyens de s'enfuir du fond de cale où on l'avait jeté sur le Titanic.... Pendant se temps, faute de carburant, de gouvernail et d'équipage opérationnel, le Hindenburg perdait rapidement de l'altitude au rythme de 3 à 5 pieds par seconde. En bas, on pouvait voir aussi le Titanic s'enfoncer lentement.

Les idées fusaient : il fallait augmenter la taille du poumon, l'alimenter avec l'hélium provenant du ballon... Certains préconisaient d'injecter directement de l'hélium dans le moteurs. D'autre voulaient siphonner ce qui restait de whisky pour soûler l'équipage et lui donner du courage, certains même voulaient se servir du nouveau poumon pour en faire du carburant à partir de la matière organique. En fait, on ne savait plus très bien à quel problème il fallait s'attaquer en premier .... De plus, le vieux commodore Trichet ne voulait pas entendre parler de toutes ces "idées" car ce n'était pas pas comme cela qu'il avait appris les choses à l'école aérostatique.

Lui, il avait juste un bouton qu'il pouvait actionner sur + ou -. S'il actionnait le +, il envoyait de l'air dans les moteurs. S'il actionnait le -, il envoyait de l'air dans le poumon. C'était tout ce qu'il était capable de faire. Quoiqu'il arrivât, sa mission était de faire en sorte que la différence de température entre les malades et les bien-portants ne dépasse jamais deux degrés. C'était très difficile car son bouton n'y pouvait en fait pas grand chose, mais il prenait son rôle très à cœur, regrettant pourtant de n'avoir pas pris sa retraite de la marine aérostatique plus tôt ...

Bref, le confusion était à son comble.

Le Crash des Titans - Episode 3 (le jeudi 4 août 2011)



Lors du dernier épisode, on avait réussi à sauver le quartier-maître Papandréou à bord du Hindenburg. Je vous avais dit que la fête durerait toute la nuit, jusqu'à 22h30.... Et bien, figurez-vous que dans la vraie vie (du moins, celle des marchés financiers), cela s'est à peu près passé comme cela. Après le prétendu sauvetage de la Grèce (le deuxième du nom), les marchés financiers ont vécu un rebond, ... de 24h. Et depuis 10 jours, .... les marchés européens sont en mode panique.

Mais ces derniers jours, un nouvel acte débutait sur le Titanic :

(lieutenant Geithner)  - "Amiral, Amiral ! c'est affreux, affreux, affreux !!!
Nous venons de réparer les compteurs de vitesse : ils indiquent maintenant qu'elle est 4 fois inférieure à ce que nous pensions" !! Maman....".
(l'Amiral Obama) - "Quoi ??? vous déconnez les gars ??, mais alors on n'avance pas ?!"
(Geithner) - Ben ... non ... et en plus nous n'avons plus rien à brûler dans les moteurs ...
(l'Amiral Obama) - Bernanke !! Qu'est-ce que cela veut-dire ?
(Commandant Bernanke) - Euh ... il semblerait que notre vitesse soit irrémédiablement en-dessous de la tendance sous-jacente des indicateurs, ce qui fait que par inflation des compteurs, la vitesse se déflate désespérément et reste supérieure négativement à ce qui serait nécessaire pour assurer une flottabilité soutenable, .....
(Amiral Obama)  - Bon ça va, ça va !...

L'Amiral commençait à perdre patience. Et puis, il y avait eu cette négociation... la négociation qu'il avait eu avec les milliardaires ... Les milliardaires passagers en première classe du Titanic (tous républicains...) s'était inquiétés de la situation. Il étaient étaient venus voir l'Amiral pour l'incriminer lourdement, lui reprochant de ne pas avoir su gérer l'avarie. L'un d'eux, était pourtant l'armateur et le fabriquant du navire, mais il ne semblait pas assumer la moindre responsabilité dans le naufrage du Titanic.... En lieu de cela, tous fustigeaient l'Amiral : il n'avait pas fait ce qu'il fallait.....

Selon eux, ils y avait bien trop de monde sur ce bateau, la plupart étant de sombres profiteurs qui avaient voulu se payer des croisières en quatrième classe à des prix scandaleusement bas, alors qu'eux, en première classe, avaient dû payer plein pot. L'amiral, qui savait que leurs valises étaient pleines de dollars, leur avait demandé qu'on puisse les utiliser comme carburant pour les moteurs. Ils avaient refusé, et s'étaient plaints, dans la foulée, que par ailleurs les rations de caviar n'étaient pas suffisantes. Pour résumer, leurs proposition était la suivante : Ils étaient d'accord pour donner leurs dollars, en échange de quoi ils demandaient :
- une garantie de remboursement à 15% d'intérêt, en or ;
- qu'on jette les vieillards, les malades, les obèses, les fumeurs, les femmes, les enfants et les athées à la mer - Cela allégerait le bateau de bouches inutiles à nourrir ;
- l'augmentation immédiate des rations de caviar en première classe ;
- la programmation de festivités en première classe pour redonner l'ambiance de fête qui avait été perdue.

L'amiral avait dû obtempérer ....

Suite au prochain épisode.

mercredi 10 août 2011

Le crash des Titans - Episode 2


Chers amis, voici un nouvel épisode du "Crash des Titans".

Résumé des épisodes précédents : c'est le branle-bas de combat, le Titanic peine à relancer sa vitesse, même en brûlant tout le PQ du navire, le Hindenburg est à la dérive en pleine trajectoire de collision sur le Titanic, et le quartier-maître Papandréou est atteint de la peste bubonique.

................

A bord du Hindenburg, il y avait du monde, beaucoup de monde. Un équipage pléthorique : des officiers, des matelots, des pilotes, des scrutateurs, des cuisiniers, des ingénieurs aéronautiques, des navigateurs, des astronomes, des astrologues, des syndicalistes, des passagers, des passagers clandestins, ... etc.

Une partie de l'équipage n'était pas directement opérationnelle. Par exemple, le Major Christine. Auparavant, elle avait été au commandes. Ce poste avait été très prenant, elle devait actionner une manette des gaz. Sauf qu'a bord du Hindenburg, ce n'était pas comme sur le Titanic. Il n'y avait pas une seule manette des gaz, mais vingt-sept, toutes de tailles différentes, chacune correspondant à chacun des des vingt-sept moteurs. Il y avait 27 personnes pour actionner ces manettes.

Les "manetteurs", ou "gaziers" comme on les appelait, devaient actionner les manettes si possible de manière coordonnée. C'était un exercice difficile, mais très beau à voir. Une manette particulière était située à sur le côté, et s'actionnait en sens inverse des autres, et elle était graduée selon un système bizarre de 1/4e, 1/8e, 3/16e. Seul le major Cameron avait le droit de l'utiliser. Mais de toute façon elle actionnait un moteur monté à l'envers dès le départ, ce qui rendait son utilisation sans intérêt. D'aucun prétendaient que c'était en réalité le seul moteur à l'endroit et que c'étaient les autres qui étaient à l'envers, ... mais peu importe.

"Ah çà, Je ne regrette pas le temps ou j'étais manetteuse !", se dit Christine.  Et pour cause ... Christine venait d'être nommée "sommelière suprême des caves à vin", et elle faisait aussi partie des du fameux club des "Femmes Merveilleuses Internationales" (FMI). Son prédécesseur comme "Sommelier suprême", le maître-queux DSK (Dominique Strogonoff-Kebab) avait été retrouvé ivre mort suspendu à un moteur dans une position scabreuse avec une passagère clandestine. Les passagers qui avaient assisté à la scène avaient été très choqués, et la réputation et le standing du Hindenburg en avaient pris un coup. Du coup, Christine l'avait remplacé, et l'ancien sommelier avait été mis aux fers sur le Titanic, sur le pont duquel il avait chuté. Bref, elle ne s'occupait plus des moteurs, ni même des gouvernails.... C'était cool.


Ce jour-là était spécial : l'équipage devait se réunir pour sauver le quartier-maître Papandréou de la peste bubonique. Le problème de la peste bubonique, c'est qu'elle atteint beaucoup d'organes, notamment les poumons (entre autres). Du coup, le quartier-maître poussait des gémissements sur sa manette, et les autres n'arrivaient pas à se concentrer sur le maniement de la leur. Il fallait apporter une solution à cet état de fait déplorable.

La réunion se préparait, Christine se chargeait des cocktails. C'était la partie qu'elle adorait. Le Maitre-Queux DSK a été autorisé a y assister depuis une cage en verre spécialement aménagée.

La colonnelle Angela, fit annoncer un retard. Puis son aide de camp déclara haut et fort qu'elle serait en avance. Le capitaine Sarkozy n'en pouvait plus, il tournait comme un ours en cage. Tous n'avaient d'yeux que pour lui. Heureusement Christine le détendait en lui servant les cocktails avec un sourire complice. Puis, la réunion dura des heures, des heures, des heures.... Enfin, on aboutit à un accord.

Ce fut au son de l'hymne de l'Ode à la Joie de Ludwig van Rompuy (heu pardon, Beethoven...), jouée par la fanfare embarquée du Hindenburg, qu'on annonça enfin le plan qui allait sauver à la fois le quartier-maître, le Hindenburg et le Titanic. Le caporal Juncker, pris un air grave, et responsable, à la hauteur de la solennité de l'événement :

"Mesdames Messieurs, Même si le dirigeable Hindenburg est en parfait état, et totalement sous contrôle, il subit une dérive inexorable faute de moteurs, de gouvernails et de carburant. Cela risque de couler à la fois notre dirigeable mais aussi le Titanic. Ce serait très grave. Voir catastrophique, ... bon enfin bref... Humm Humm. Or, quand on y regarde de près, il s'agit au fond d'un problème tout bête de manette de gaz mal utilisée par un brave quartier maître grec (ah ! ah ! ah ! ... rires ) souffrant vaguement de quelques furoncles et autres maux de têtes (ah!  ah ! ah ! re-rires ...)."

On laissa le temps aux passager de rire, il fallait bien détendre l'atmosphère.... Le communiqué reprit :

"Donc, la situation exige que nous fassions quelque chose, car il est inacceptable qu'un problème bénin (ah ! ah ! ah  !) fasse courir le monde à la catastrophe (oooh !!). Le quartier-maître Papandréou souffre d'un manque d'oxygène, causé, par la nécrose avancée des ses poumons due à une maladie infectieuse, grave et bubonique, n'ayant rien à voir avec la peste (Ah ? étonnement...). Nous avons donc unanimement décidé de créer un poumon collectif auquel le malade pourra se connecter. Ce poumon sera réalisé par ablation d'un demi-poumon sur chaque membre de l'équipage.
Les dons de sang seront faits par les passagers, qui auront ensuite double ration de caviar. A l'aide de tous ces demi-poumons, notre médecin de bord va créer un poumon unique et collectif. Bien entendu, pour ne pas courir de risque de perdre le poumon collectif, celui-ci sera mis sous une cloche verrouillée. Le quartier-maître Papandréou aura le droit de se connecter au poumon, mais aux conditions suivantes :
- faire la cuisine,
- faire le ménage,
- faire sa prière...
Il devra aussi gagner son argent de poche, ce qu'il pourra faire en vendant ses services aux dames fortunées sur le Titanic. Mesdames messieurs, nous sommes confiant que cette solution permettra d'éviter une quarantaine, et surtout d'avancer vers des jours meilleurs. Nous avons d'ailleurs noté depuis ce matin, une amélioration notable de la météo... Que les vents nous soient favorable ! Vive le Hindenburg ! Vive l'Europe ! Je vous invite maintenant à vous diriger vers le buffet. Aujourd'hui, nous avons un "buffet grec", préparé spécialement quartier-maître Papandréou dans le cadre de ses travaux d'intérêt général."

On fit péter le champagne et l'ouzo, et la fête dura toute la nuit, jusqu'à environ 22h30.

Suite au prochain épisode.

Le crash des Titans - Episode 1

Une superproduction est en train de se dérouler sous nos yeux. Vous souvenez-vous du "Titanic" (le film), de "La tour infernale" de "l'Ile sur le toît du monde" mettant en scène un dirigeable en expédition de la banquise, de "Spartacus" ?... Et bien voici "Le crash des titans", une production hollywoodienne, mais un scénario à la Chabrol....

Avec Ben Bernanke dans le rôle du Commandant Bernanke, Jean-Claude Trichet dans le le role du Commodore Trichet, Obama dans le rôle de l'amiral Obama , Sarkozy dans le rôle de ....  Bon ... bref, vous avez saisi.
 
Vous connaissez déjà le début du film : Le Titanic, un vaisseau réputé insubmersible coule lentement.  Les icebergs sont nombreux....  Le Commandant Bernanke et le Lieutenant Geithner, sous les ordres de l'Amiral Obama  se sont lancés dans un plan qui ne peut que réussir (c'est un film américain, quoi, merde !....).  On a récupéré un énorme stock de dollars en billets pour alimenter les moteurs.  Le but est de foncer tout droit, le plus vite possible, de manière à éviter les icebergs et surtout, éviter de couler.

Mais le lieutenant Geithner est tout à coup sceptique ....
- (Geithner) "Amiral, nous n'avons plus assez de billets, et si les moteurs ralentissent nous allons couler !!!!!!! Maman, maman !
- (Obama) "Calmez-vous Geithner, vous êtes un marin que diable" - Bernanke, qu'en dites-vous ?
- (Bernanke) Et bien, Amiral, si je puis me permettre, il semble que nous coulions à la fois trop vite pour vraiment le sentir, et trop lentement pour pouvoir maintenir une allure de soutenabilité suffisamment durable. Il est frustrant de constater que des icebergs se présentent à nos yeux, mais je suis confiant que l'âge du capitaine combiné avec la vitesse d'oscillation des vague nous permettront de ...
- Bon ça va, ça va !... Que faut il faire ?
- (Bernanke) Oh rien, Amiral, mais nous arrivons au bout du stock de billets à brûler : nous sommes à 14300 milliards. Il est possible que de l'air suffise à faire tourner nos moteurs, mais ce n'est pas sûr, ce qui est sûr c'est qu'il faut faire le nécessaire.
- (Obama) Ça va pas non ? Bon, ramassez-moi tout le stock de papier-toilette du navire mettez-le comme carburant !!!  Ça doit bien être aussi bon que du dollar !!!
- (Bernanke) Oh oui !!! Et même meilleur !
- (Obama) Exécution !! Rompez ! .... Ah au fait, autre chose : augmentez les rations de caviar et de champagne des passagers de première classe, et veillez à fermer les grilles des quatrièmes classes ... rompez ! Yes we Kahn !!
- (Geithner) Yes we Kahn !!
- (Bernanke) Yes we Kahn....

Le Titanic va-t-il ainsi se sortir d'affaire ? Les icebergs vont-ils pouvoir être évités ? Le caviar sera-t-il en quantité suffisante, vous le saurez, chers lecteurs, en lisant le prochain épis... mais, ...  ATTENDEZ, ATTENDEZ !!!!..... QUE VOIS-JE !?  un ballon dirigeable, surgi du néant, se rapproche tout à coup dangereusement du Titanic !!!!!!....
- (Geithner) "Oh maman !!! Amiral ! Amiral !!! le dirigeable "Hindenburg" se dirige droit vers nous !! Il semble ne plus contrôler son altitude !"
L'amiral se saisit aussitôt du porte-voix et hurle en direction du Hindenburg :
- "Ca va pas la tête !! Ecartez-vous !! Vous allez vous écraser sur nous !!!!"
La-haut, on entends une voix faible :
- (le Caporal Juncker) ... "Ohé, Ohé ! Nous ne contrôlons plus rien !... il nous reste un moteur, mais pas de gouvernail !...
Et puis, pour changer de direction, nous devons vérifier que tout le monde est d'accord ...
- (Obama) Mais ça va ?!!! On va tous couler à cause de vous !!!!
.........
- (Juncker) ....Ce n'est pas tout !.....  Nous avons un cas de peste bubonique !... Le quartier-maître Papandreou !...
- (Obama) Quoi !?!?! non arrêtez les gars, c'est pas drôle !! Vous déconnez là ! Et puis vous approchez pas !...
- (Juncker) ... Ne vous inquiétez pas, Amiral !!!... ....  il n'y a pas de contagion..... Papandréou a couché avec tout l'équipage, mais il avait mis un préservatif ... et puis ils sont en train de lui administrer une bonne dose d'aspirine.  Alors vous voyez, tout va bien ! ... Bon excusez, mais il faut que j'y retourne.
....
(Sur le pont du Titanic) :
- (Obama) Bon, Bernanke, qu'en pensez-vous ?
- (Bernanke) Hein ? De quoi ? Ah oui ... de Papandréou, c'est un beau grec, mais pas mon genre ... ça vaut mieux, j'ai pas envie d'avoir la peste ! Ah, ah !...
- (Obama) Mais non, crétin !!! Vous, Geithner, qu'en pensez-vous ? Que pouvons-nous faire ?
- (Geithner) Euh ... je, ...  mais, ... sniff, .... Yes We Kahn !!! ... Oh maman !...
- (Obama) Oh Merde !...

"Que vais-je faire avec ces deux imbéciles ?" pensa-t-il.

C'est alors qu'il se mit à examiner toutes les possibilités.  Il lui fallait parler avec quelqu'un du Hindenburg. Oui, mais qui ? Papandréou ? Trop dangereux, et surtout ... trop tard.  Le vieux commodore Trichet ? oui, peut-être, mais il était trop inflexible le vieux bougre ... une sorte de maître yoda version Frenchie.....
Angela ? Mmmf ... trop pénible. Lors de leur dernière entrevue dans un bar de Berlin, il avait bien essayé de lui expliquer ses problèmes, mais elle l'avait à peine écouté, et lui avait répété sans cesse qu'il ne fallait pas trop boire sans quoi la soirée coûterait trop cher. Son ami Sarko, peut-être, ... mmh oui, tiens pourquoi pas, "je peux lui faire dire n'importe quoi,  il suffit que je luis souffle quelque chose, et il répète sans comprendre ... ah, ah, ah..." pensa-t-il.  Oui mais non, ça n'ira pas ...

Tout à coup, il lui vint une idée lumineuse, ... "bon sang, mais c'est bien sûr !" pensa-t-il. Pourquoi n'y avait-il pas pensé ... mais oui ! Christine ! Christine Lagarde ! Christine, il en avait un souvenir incroyable : une fille sympa, belle, dévouée. Bien sûr elle disait que des conneries, mais avec un tel charme que tout le monde la croyait, tout le monde l'écoutait !!!!

Il se remémorait les années où ils s'étaient connus, lorsqu'elle étudiait aux Etats-Unis. Lorsqu'il pleuvait des trombes elle disait "il fait beau pour la saison !", et aussitôt, lui et ses potes mettaient leurs lunettes de soleil. Lors de la traversée du Sahara, elle sortait un "attention les gars, il va pleuvoir", et ils sortaient tous leurs parapluies...  Oui, c'était elle la femme de la situation, mais que faire ? Que lui demander ?  Pourrait-elle empêcher le crash du Hindenburg ?  Accepterait-elle de l'aider à sauver le Titanic ? Il fallait au plus vite entrer en contact avec elle....
....
Suite au prochain épisode. Mais si vous voulez plus d'émotions, si vous voulez vous choper la frousse,  vivre de réelles sensations d'angoisse, si vous voulez être terrorisé, lisez plutôt la presse, car la réalité dépasse de loin la fiction....